Au lieu d’un écusson, l’insigne du Corps des Officiers des AMM est constitué du « tibuqam », le bouclier Targui, rappelant le Sahara. La plupart des jeunes Officiers y étaient affectés, en début de carrière. Puis ils servaient tout autour : Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Egypte, Soudan, Tchad, Niger, Mali, Sénégal, Mauritanie.
Les lettres A et M sont le sigle du Corps : Affaires Musulmanes.
Le sphinx, symbole de l’interprétariat, rappelle aussi le premier Corps d’Interprètes Militaires créé par BONAPARTE pour son expédition d’Egypte.
Le croissant est celui de l’Islam. « L’Orient » est indiqué par le soleil du « Levant », contrée où ce Corps se distingua.
Les deux sabres, pointes en bas, désignent un « Service » et non une « Arme ».
Introduction
Parmi toutes les unités de la glorieuse Armée d’Afrique, le Corps desOfficiers des Affaires Militaires Musulmanes, (AMM) sera célébré ici, Corps trop peu connu dans l’armée, même par certains de ses utilisateurs, et quasiment méconnu du grand public.
Ce n’était ni le Service des Affaires Indigènes du Maroc (A.I. du Maroc), ni celui des Affaires Indigènes de Tunisie (A.I. de Tunisie), ni le Service des Affaires Sahariennes (A.S. d’Algérie). Ces trois services étaient issus des premiers « Bureaux Arabes », devenus « Service des Renseignements », créés pour les besoins de la conquête de l’Algérie (dès les années 1830), la pacification de la Tunisie (1881) et l’établissement du Protectorat au Maroc (1894-1912). Ce n’était pas non plus le Service des Affaires Algériennes créé après 1956 et destiné à assurer contre « les troubles » la pacification et l’administration des communes rurales du bled algérien par l’implantation de Sections Administratives Spécialisées (S.A.S.) ou, au Sahara, de Centres Administratifs Spécialisés (C.A.S.).
Tous les officiers affectés dans ces services (A.I., A.S., S.A.S., C.A.S.) appartenaient à une Arme (INF., ABC., ART., GEN., etc.), en étaient détachés temporairement, et après un stage de formation d’un an, ou moins…, se déroulant à Rabat ou à Alger, servaient dans les cercles, annexes et postes des confins sahariens de Tunisie ou d’Algérie, ou dans la montagne berbère et les territoires du Sud au Maroc, ou enfin dans les S.A.S. d’Algérie et les C.A.S. du Sahara à partir de 1957. Après quelques années d’une vie exaltante, riche d’expérience et de contacts humains, ils réintégraient leur Arme pour y poursuivre une carrière normale d’officiers de troupe ou d’état-major.
Les officiers des A.M.M. constituaient, quant à eux, un corps indépendant, faisant l’objet d’un chapitre de l’annuaire des officiers de l’Armée de Terre, au même titre que les fantassins, cavaliers, sapeurs, trainglots, intendants, etc. Ils étaient recrutés directement en milieu civil, par concours, parmi les bacheliers ayant acquis, souvent en classe préparatoire (tels les candidats aux grandes écoles) des connaissances de langue arabe (écrite et parlée) et de sociologie, histoire et géographie musulmanes. Ils ne quittaient « normalement » jamais leur corps d’appartenance. Dans les corps de troupe nord-africains, ils étaient chargés de la protection du moral et de l’état d’esprit du régiment. Ils y donnaient aussi les cours de langue arabe pour les cadres métropolitains. Mais ils pouvaient – comme leurs camarades des armes et services – être détachés « hors cadres » dans les bureaux civils des AI ou AS, ou en qualité de « commissaires du gouvernement » dans les tribunaux de justice musulmane, auprès des Caïds et Pachas, ou de justice coutumière dans les tribus berbères.
Les quelques pages suivantes résument près de deux cents ans d’une histoire où Napoléon a laissé sa marque. Le devoir de mémoire, même à titre posthume, envers beaucoup de nos illustres Anciens et Grands Anciens, a justifié la place de leur épopée dans l’ouvrage « Honneur à l’Armée d’Afrique », hors série du bulletin publié au printemps 2007 par l ‘Association Nationale Souvenir de l’Armée d’Afrique (ANSAA) sous la direction de son Président, le Général de Corps d’Armée (2S) André SCIARD, à qui nous exprimons notre vive gratitude.
LE CORPS DES OFFICIERS DES AFFAIRES MILITAIRES MUSULMANES 1938-1964
ANTERIEUREMENT INTERPRÈTES DE L’ARMÉE D’AFRIQUE 1830–1938
HERITIERS DES INTERPRETES DE L’ARMEE D’ÉGYPTE 1798–1830
Bref historique
Lors de la célébration du deuxième centenaire de l’Expédition d’Egypte en 1998, il était apparu intéressant de rappeler que Bonaparte avait organisé à Toulon, le 20 floréal an VI / 9 mai 1798, une commission des sciences et des arts afin d’emmener avec lui tout un corps de savants. Parmi eux, il recruta neuf orientalistes à qui il donna le titre « d’Interprètes de l’Armée d’Egypte ».
Les deux premiers d’entre eux furent : Jean-Michel VENTURE de PARADIS, né à Marseille en 1742, interprète en chef de l’Armée, qui choisit comme adjoint Amédée JAUBERT, né à Aix-en Provence, le 3 juin 1779. Elèv es et disciples du célèbre Baron Antoine SILVESTRE de SACY, illustre orientaliste, professeur à l’Ecole des Langues Orientales Vivantes et auteur de la meilleure grammaire arabe moderne (éditée une première fois en 1810, sur ordre de l’Empereur), ils furent parmi les membres fondateurs de l’Institut d’Egypte, créé par Bonaparte au Caire dès le 20 août 1798, et participèrent à assurer le rayonnement de la France au Levant, si bien que l’Egypte fut pendant près d’un siècle sous influence française. Venture y mourut en mai 1799 au retour de Jaffa (Palestine).
Ces soldats, pionniers de l’approche intellectuelle de l’Orient musulman dans nos armées, avaient formé des émules, surtout parmi l’élite de la garde et de l’administration des sultans, Mamelouks ou Janissaires.Ceux-ci furent si nombreux à rejoindre Bonaparte en France en 1801 qu’ils formèrent la Division de Mamelouks, qui, commandée par le Général RAPP, anéantit la Garde impériale russe à Austerlitz. (Un tableau de F.Gérard immortalise ce fait d’armes). À partir de cette époque, il y eut un Corps d’officiers « Interprètes de l’Armée », envoyés occasionnellement par le Gouvernement en contrées musulmanes – on disait alors « barbaresques » – pour des missions particulières et souvent pleines de dangers. Jaubert fit ainsi une très brillante carrière diplomatique, en Europe et au Moyen-Orient (dont huit mois de captivité en Perse), jusqu’à sa mort le 27 janvier 1847. Il a ainsi ouvert la voie de la diplomatie à de nombreux officiers interprètes militaires qui, au fil des générations, deviendront consuls, secrétaires et conseillers d’ambassades, ambassadeurs et ministres plénipotentiaires.
En 1828, lors de l’intervention française en Grèce pour la délivrer de l’occupation turque et égyptienne, le Général MAISON, commandant l’expédition (campagne dite de Morée) engagea avec lui des Officiers Interprètes, orientalistes indispensables pour le chef.
Napoléon avait jugé que, « dans une armée, les interprètes doivent être et ne peuvent être que des militaires, attendu qu’en paix comme en guerre, leur place est marquée là où se tient celui qui commande. Ils sont l’âme de la pensée, ils sont la confiance incarnée, ils sont parlementaires, ils courent au-devant du danger pour le prévenir. En paix, les interprètes sont les secrétaires intimes ; en guerre, ce sont, du général (attendu les connaissances qu’ils doivent avoir) des guides sûrs et courageux« . La mission était définie de façon sublime pour deux siècles.
Lorsque fut décidée l’expédition d’Alger, quelques trente ans plus tard, le ministre de la guerre demanda au Colonel d’état-major marquis de CLERMONT-TONNERRE, lui-même arabisant, de recruter les « Interprètes de l’Armée d’Afrique ». Celui-ci désigna évidemment, outre GERARDIN et d’AUBIGNOSC (eux aussi anciens élèves de SILVESTRE de SACY), les derniers vétérans de l’Armée d’Egypte. Parmi eux, avec rang de colonels, Louis de BRACEVICH, ancien interprète de Bonaparte, et le Père Charles ZACCAR, prêtre catholique syrien, vicaire à St Nicolas de Myre, à Marseille (église construite par et pour les Mamelouks catholiques de rite oriental) ; enfin, le dernier des colonels de Mamelouks de la Garde, Jacob HABAIBY, qui fit prendre avec lui son fils Joseph et son neveu Daoud, comme Guides-Interprètes (Sous – Lieutenants). Et, parmi les autres Interprètes et Guides, quatre autres anciens officiers des Mamelouks. Ce Corps de vingt-trois Officiers – Interprètes et Guides était complété de soixante-douze Sous-officiers arabisants.
C’est le moment où YUSUF, jeune Italien né sur l’île d’Elbe, captif des Barbaresques, échappé de la cour du Bey de Tunis au terme de quinze années d’une vie rocambolesque et romanesque, rejoint la flotte française, en rade d’Alger, à bord du brick de guerre « Adonis ». Il débarque à Sidi-Ferruch avec l’Armée et devient l’interprète militaire du Général en chef, puis l’adjoint de M.d’AUBIGNOSC, nommé Lieutenant Général de la police d’Alger. (En 1831, Yusuf, affecté aux chasseurs algériens, comme Capitaine, dirige la prise de la citadelle de Bône, rallie le personnel dont il crée les Turcos (Tirailleurs) et
les Spahis (cipahi). Il fut Colonel – Inspecteur de ces « cavaliers de l’impossible » et termina sa carrière avec le grade de Général, commandant la Division de Montpellier. Parmi ses faits d’armes : sa participation à la prise de la smala d’Abdel Kader et à celles de Bône et de Constantine).
Jugé indispensable pendant six mois, mais jalousé dans les « armes » elles- mêmes, le « Corps des Interprètes de l’Armée d’Afrique » se heurtait à l’hostilité du Général BERTHEZÈNE, nouveau Gouverneur et Commandant en chef, en 1831, en raison de ses « préventions contre la colonisation en Algérie« . Certains officiers interprètes s’étaient vu néanmoins confier des postes de haute responsabilité (Consuls, Lieutenant de police, Administrateurs de biens domaniaux, des douanes, etc.). Ils les conservèrent. Mais le départ de nombreux autres orientalistes de valeur privait de leurs services nos armées qui réservaient leur attention aux lourdes affaires de l’Europe.
Le besoin de cadres de cette spécialité devenant évident, le Maréchal de SAINT ARNAUD, ministre de la guerre et ancien gouverneur de l’Algérie, organisa, en 1854, sur des bases définitives le « Corps des Interprètes Militaires » qui compta des sujets extrêmement brillants. Plusieurs d’entre eux furent enrôlés dans son État-major et dans les grandes formations de l’Armée d’Orient qu’il commandait, lors de la guerre de Crimée où il mourut.
Pendant la guerre franco-sarde contre les Autrichiens en Italie en 1859 des officiers interprètes furent tués ou blessés et cités lors des batailles célèbres de Magenta et de Solférino, dans les rangs des Zouaves (à l’époque les Kabyles « Zwawa ») et des Tirailleurs engagés dans ce conflit. Le 2 septembre 1870, le Général de Division Jean, Auguste, MARGUERITTE tombe au champ d’honneur dans une dernière charge contre les Prussiens à Sedan à la tête de ses Chasseurs d’Afrique. Il avait commencé sa carrière en 1837 comme interprète militaire à Blida et Boufarik. Sa tombe se trouve au mémorial de Floing (Ardennes).
Ces officiers prouvèrent leur rôle irremplaçable durant toute la conquête de l’Algérie puis lors de l’occupation de la Tunisie, dès 1881, et de la pacification du Maroc, à partir de 1901.Ils y prirent une part importante et beaucoup y versèrent leur sang. Le Maréchal Lyautey fit grand cas des Officiers Interprètes auxquels il confia de nombreuses attributions. Il en avait toujours au moins un près de lui, dans tous ses déplacements et n’hésita jamais à leur confier les missions les plus délicates.
Durant la 1re Guerre Mondiale, les Interprètes de l’Armée d’Afrique participèrent aux combats avec les troupes nord – africaines. Plusieurs des leurs, envoyés dans les tranchées, conseillaient les chefs et réconfortaient les hommes. Ils ont été blessés et décorés de la Croix de Guerre. Le 6e Régiment de Marche de Spahis comptait dans ses rangs, en 1916 – 1917, un jeune engagé, Brigadier de dix-neuf ans, Alexandre COUDINO, qui terminera sa carrière comme Colonel Inspecteur, Chef de Corps des Officiers des AMM, de 1951 à 1956.
Conscient de la vocation musulmane de la France et de l’importance croissante des éléments nord-africains dans l’organisation de la défense nationale, le Gouvernement créa, le 14 juin 1938, le « Corps des Officiers des Affaires Militaires Musulmanes » (A.M.M.) ultimes héritiers des Interprètes de l’Armée d’Egypte et de l’Armée d’Afrique.
Ces officiers avaient un rôle bien connu dans les Services des Affaires Indigènes du Maroc ou de Tunisie et des Affaires Sahariennes où ils étaient désignés par les administrés sous l’appellation de « Si torjman », M. l’interprète, (le docteur étant « Si toubib », M. le médecin, le Capitaine chef d’Annexe « Si l’kobtan » et les autres officiers « Si l’fician ») : ils étaient chargés du renseignement politique local et remplissaient aussi les fonctions de Commissaires du Gouvernement dans les tribunaux de Pachas et les tribunaux coutumiers. Ils accompagnaient le chef d’Annexe dans ses tournées, truchements indispensables pour le contact avec les autochtones, et traduisaient les discours des autorités lors des visites officielles.
Dans les corps de troupe, ils assuraient la protection du moral des hommes et leur apportaient un réconfort éventuel permettant au Commandement une connaissance profonde de l’unité. Ils enseignaient également l’arabe dans les écoles militaires. Les officiers supérieurs du Corps étaient des conseillers auprès des Autorités politiques au plus haut niveau. La position des officiers des AMM n’était pas toujours facile : auxiliaires du Commandement, il leur fallait faire de gros efforts de modestie et de diplomatie pour rester à ce niveau et pour que leur popularité (facilement acquise auprès des administrés par la pratique de la langue) ne porte pas ombrage au rayonnement – ou à la vanité – de certains de leurs « grands chefs » assez jaloux de leur prestige personnel.
En septembre 1939, l’Armée d’Afrique part une nouvelle fois en Métropole. Dont quarante deux AMM, soit plus du tiers de l’effectif de l’époque. Ils partagent le sort commun dans la « drôle de guerre » : combats, replis, parfois captures, évasions, etc. (une promotion portera le nom du Lieutenant Marcel MISSOUD, tombé au champ d’honneur le 13 mai 1940 dans les rangs du 5e RTM à Gouy, près de St Quentin dans l’Aisne). A la reprise des campagnes de la Libération, à partir de 1942 / 1943 (Tunisie, Italie, France, Allemagne), beaucoup d’entre eux se distinguèrent par leur courage et leur allant et furent cités à l’ordre des armées. (Le Lieutenant COSTES, tué sur mine en 1943 à Zarzis, Tunisie, donnera son nom à la promotion sortant cette même année).
Quant au Capitaine NÉSA (futur Général), se trouvant en métropole en 1942 – 1943 sur les contrôles de l’Armée d’armistice, il avait réussi à monter un réseau d’évasion de militaires nord-africains prisonniers de guerre. Arrêté par la Gestapo, il fut déporté à Buchenwald et Eisenberg et rapatrié en mai 1945.
Ces officiers accompagnèrent aussi les unités nord-africaines en Indochine, participant à leurs peines et à leurs combats et occupant trois postes aux États-Majors de Saïgon, Hué et Hanoï. Plusieurs y furent blessés. Le Lieutenant MEGDOURI y mourut. Le Lieutenant JEANTELOT (futur ambassadeur), blessé et capturé dans un bataillon au Tonkin, le 3/1 RTM, survécut à sa longue captivité dans les camps de la mort du Viêt-Minh.
Le décret de 1938 était resté très exigeant sur la qualité des Officiers AMM. Outre le concours d’entrée, ces officiers – les seuls dans l’Armée – étaient astreints à un examen de franchissement de grade pour passer capitaines et commandants. En 1952, on ajouta, après le concours d’entrée, une année de formation militaire de base, avec brevet de chef de peloton, comme les Saint-Cyriens. Les deux années « d’application » – en fait d’études supérieures – en liaison avec la faculté de lettres d’Alger, comportaient, en plus des cours de langue arabe littéraire (classique, moderne, juridique), des cours d’arabe dialectal et de berbère, des cours d’histoire, de géographie, de droit et de sociologie du monde musulman. Cette formation donna à ces Officiers « à part entière » les qualités qu’en exigeait Napoléon : probité, courage et instruction. Les meilleurs d’entre eux furent les conseillers écoutés des plus grands chefs : les Maréchaux de Lattre et Juin, les Généraux Giraud, Guillaume, Montsabert ou Gandoët.
Lors du conflit algérien, les officiers AMM en activité au Maroc et en Tunisie, après l’indépendance de ces deux pays, furent affectés en Algérie dans le renseignement et l’action psychologique où ils connurent de remarquables succès comme en témoignent de très nombreuses citations. Le besoin de cadres de cette spécialité était tel que beaucoup d’ Officiers de Réserve des AMM, tous volontaires, furent rappelés sous les drapeaux et souvent maintenus par périodes de plusieurs fois six mois. Officiers de Réserve ou officiers en retraite, plusieurs d’entre eux furent la cible d’attentats et même d’assassinats de la part de rebelles terroristes : ces dispensateurs de fraternisation étaient intolérables pour l’adversaire, FLNA.
En 1962, le choix fut laissé aux AMM d’opter pour différentes possibilités d’avenir. Certains, restant dans l’Armée, (armes, cadre spécial, intendance, gendarmerie ou services spéciaux) firent des carrières normales et fournirent plusieurs Généraux (dont le premier Général Inspecteur du Cadre Spécial et, in fine, un Général de Corps d’Armée). Certains s’orientèrent sur les Affaires Etrangères, quatre d’entre eux terminant Ambassadeurs, dans le grade de Ministres Plénipotentiaires au Moyen-Orient. D’autres furent chargés de missions délicates (récupération d’otages au Tchad, au Liban, en Iran ou au Yémen, action auprès de populations Kurdes, etc.). Les Services Spéciaux accueillirent beaucoup de ces spécialistes du renseignement, en France ou à l’étranger, jusqu’à des postes de direction. Le SGDN fut friand de ces « érudits » pour la « couverture » du monde arabo-musulman. D’autres, partis dans « le civil », devinrent Directeurs de sociétés internationales dans les pays arabes. On en retrouva quelques uns dans l’Enseignement, notamment des professeurs émérites en Sorbonne et à l’Institut National des Langues Orientales de Paris. Deux autres d’entre eux firent de remarquables carrières dans la Presse, écrite ou parlée, terminant l’un au poste de directeur adjoint de l’information à l’A.F.P., l’autre en qualité de rédacteur en chef en presse parlée et enfin membre coopté du C.S.A. Cette énumération est loin d’être exhaustive, parmi une cohorte de ces brillants officiers de l’Armée de Terre.
En 1974, on fit appel de nouveau aux derniers anciens Officiers des AMM encore en service pour les affecter comme professeurs d’arabe dans les écoles militaires. Il leur était promis d’achever leur carrière au grade de colonel. On s’était aperçu tardivement que l’absence d’Officiers des AMM causait, depuis 1964, un grand vide dans la composition et les missions de nos armées.
Ce Corps avait été dissout, le 10 octobre 1961 d’un gouvernemental trait de plume et inséré dans le Cadre Spécial des Troupes Métropolitaines avant d’être totalement supprimé le 1er mars 1964.
« Les Interprètes Militaires » d’abord, les « Officiers des Affaires Militaires Musulmanes » ensuite, brillants organisateurs et auxiliaires appréciés du Commandement, ont aussi été présents sur tous les champs de batailles, depuis la Campagne d’Egypte à nos jours (Algérie, Tunisie, Maroc, Guerres mondiales, Indochine, Madagascar, etc.). « Les actions d’éclats qu’ils ont accomplies, l’ont été dans le cadre des unités auxquelles ils étaient affectés » comme le rappelait le Colonel Jean FRANCHI (1904-1964), leur dernier Chef de Corps.
Texte rédigé par un groupe d’anciens Officiers du Corps des AMM :
M.BEHM, J. BUTEL, A. BOUDOT – LAMOTTE, Ch. JEANTELOT, E. EALET