Évocation d’un parcours militaire assez particulier.
« J’appartiens au groupe des Saint-Cyriens n’ayant pas porté le casoar. Brution, je prépare le concours de Cyr en 1944 au prytanée militaire de La Flèche. Nous sommes en période d’occupation et les Allemands ont interdit à la France de former des officiers. Le concours s’est transformé en concours d’HEC, le programme est sensiblement le même, mais avec une deuxième langue vivante à apprendre rapidement.
Après le concours, je rentre chez mes parents à Belley (Ain) où j’entends parler de la formation d’un maquis FFI aux ordres du Lieutenant GUILLAND, devenu général, ancien officier des tirailleurs marocains. J’entre en résistance en juin, mais ans accrocher, nous n’avons pas reçu de parachutage d’armes.
Après le débarquement, de Provence, les troupes remontent la vallée du Rhône, et, parmi elles, le 5ème Régiment de Tirailleurs marocains. Notre chef, en qualité d’ancien tirailleur, décide de prendre contact avec le Colonel commandant le 5ème RTM et lui propose l’incorporation de notre groupe de 150 hommes. Le Colonel accepte ce renfort d’autant plus volontiers que son régiment a subi de lourdes pertes en Italie. Comme beaucoup, je signe un engagement volontaire pour la durée de la guerre le 22 août 1944, et me voilà en campagne avec le 5ème RTM. Ce sera mon baptême du feu en Franche-Comté, la libération de Montbéliard, et la campagne d’Alsace, ce qui me valut la Croix de Guerre 39/45.
Nous arrivons au bord du Rhin pour Noël et c’est à ce moment qu’arrive une note de service m’enjoignant de rejoindre dans les meilleurs délais l’école militaire de Cherchell en Algérie. Je quitte mes camarades de combat. Il s’agit de former au plus vite des chefs de section en capacité de remplacer ceux morts au combat. Notre formation se termine avec l’armistice le8 mai 1945 !!! Je sors aspirant, suis promu assez vite sous-lieutenant et affecté comme instructeur de tir et d’armement à l’école de perfectionnement pour officiers à Aix-en-Provence. Il y a des officiers qui viennent d’un peu partout, de la résistance, d’anciens prisonniers de guerre, c’est l’amalgame voulu par le général de Lattre de Tassigny.
On reçoit à l’été 1945 une note demandant des jeunes officiers volontaires pour l’encadrement des troupes sahariennes. Je me porte volontaire pour un séjour de deux ans qui, en fait, se transformera en 13 ans de Sahara comme chef de peloton méhariste à El Oued, adjoint des affaires sahariennes à Timimoun, chef de poste de Kenadsa près de Colomb-Béchar, commandant de la compagnie méhariste du Touat à Adrar, puis commandant de la compagnie saharienne portée du Touat.
Passionné par ma vie et mes fonctions dans le désert et pressé par mon entourage de relater une expérience peu commune, j’ai rédigé mes souvenirs dans « Sable chaud » paru en 2013 aux éditions L’Harmattan. Un exemplaire se trouve à la bibliothèque du cercle général Frère de Lyon.
A l’issue de mon parcours dans le Sahara, j’ai servi au 30ème BCP, à l’EM de subdivision de Chambéry, au 60ème RI en Algérie au bureau opérations, au 126ème RI à Brive puis à la DPMAT.
J’ai quitté le service actif en 1970 pour effectuer une deuxième carrière à l’association pour la formation professionnelle des adultes – AFPA à Vénissieux (Rhône).
Depuis ma retraite, je me suis investi dans les associations d’anciens combattants, d’anciens sahariens et la SMLH dont j’ai été président de l’Ain de 2000 à 2010. Veuf depuis 2015, je suis père de 3 enfants, 10 petits enfants et 19 arrière-petits enfants.
J’appartiens depuis plusieurs générations à une famille d’officiers, dont l’attachement à Cyr est total. Lors du défilé du 14 juillet, devant mon poste de télévision, je suis toujours ému au passage des Saint-Cyriens. Les musiques militaires, les fanfares de chasseurs surtout, provoquent en moi un certain frisson… Je suis fait ainsi. »
Le Lieutenant-Colonel Jacques SOYER est Officier de la Légion d’Honneur, Commandeur de l’Ordre National du Mérite, Croix de Guerre 39/45, Croix de la Valeur Militaire, Croix du Combattant Volontaire, Chevalier du Mérite Saharien, Chevalier du Nichan El-Anouar, Médaille coloniale, … titulaire de la carte des anciens combattant en 1950.